La formation des perles : Le -Mythe- du grain de sable
Il est tout à fait probable qu’à la question « comment sont formées les perles ? », beaucoup d’entre nous seraient tentés de répondre que c’est à cause d’un grain de sable qui se serait glissé dans l’huître, et autour duquel se serait formée la perle.
Le mythe du grain de sable :
Tout d’abord, ceci est faux. En effet, comme nous allons le voir dans cet article, cette théorie n’est rien moins qu’une légende urbaine aux racines profondes, et dont le caractère ténu s’expliquera sans doute par sa crédibilité, ainsi, peut-être, que par l’obscurité entourant certains points du phénomène de création des perles, et ce même pour les spécialistes.
Mais au-delà du caractère erroné du « comment », cette théorie n’éclaire absolument pas le « pourquoi ». Admettons qu’une perle soit effectivement créée, à l’origine, par la présence d’un grain de sable. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ? L’huître est un animal intelligent, pourquoi donc aurait-elle ce genre de réaction ?
Composition de l’huître et de la perle :
Pour expliquer le phénomène de création de la perle, il faudra dans un premier temps se pencher sur la composition chimique de l’huître, et de sa création, la perle.
Une huître est un mollusque composé de trois parties distinctes : la coquille (matière dure sécrétée par l’organisme), le manteau (enveloppe faite de plusieurs couches qui couvre l’intérieur de l’organisme et enveloppe les organes) et les organes eux-mêmes.
C’est principalement le manteau qui est à l’origine de la création des perles. Celui-ci est composé de plusieurs couches, dont une dite « couche épithéliale ». Cette dernière va être ce qui fournira les cellules bâtisseuses de perles : le carbonate de calcium et la conchyoline. Élément notable, la conchyoline est parfois appelée aussi perlucine.
Cette couche épithéliale est constamment active, et a pour fonction principale de produire la coquille à mesure que grandit l’animal, ainsi que de la réparer en cas d’accident, de détérioration.
De son côté, la perle est une concrétion composée de carbonate de calcium, de matière organique et d’eau.
Et avant d’aller plus loin, puisque nous sommes ici pour tordre le cou aux idées fausses, en voici deux qui pourraient vous intéresser : tout mollusque à coquille peut former des perles, du bénitier géant à l’escargot. D’ailleurs 90% des perles de culture proviennent en réalité de moules, d’eau douce de surcroît.
Enfin, en ce qui concerne la théorie du grain de sable comme élément déclencheur de la création de perles notons que jamais aucun grain de sable ne fut retrouvé au sein d’une perle.
Dernier point d’importance qui participe à l’explication du phénomène : il existe en réalité deux familles de perles, qui sont les perles ampoules, et les perles libres. Comme nous allons le voir à présent, le phénomène aura des causes différentes selon la famille d’appartenance de la perle.
L’accident à l’origine des perles ampoules :
Une perle ampoule, c’est une perle attachée à la paroi intérieure du coquillage. Son nom vient bien sûr de sa forme rappelant celle de nos ampoules lumineuses. Dans l’eau, les mollusques sont victimes de beaucoup de prédations (vers, poissons, éponges, crabes, etc.). Or ce sont ces prédations qui sont, dans la grande majorité des cas, à l’origine de la création de la perle.
Par exemple, lorsqu’un prédateur tente de perforer la coquille (l’éponge produit un acide à cette fin, ou un ver pourra tenter de se frayer son chemin vers les organes en creusant la paroi), l’huître va sécréter un surplus de carbonate de calcium et de conchyoline afin d’épaissir la brèche, combler le trou et englober l’intrus, lequel se retrouve enfermé. Au bout d’un an environ, par le processus de division cellulaire et l’amas de ces sécrétions, une perle complète est produite.
Trois théories expliquant l’origine des perles libres :
Les perles libres sont, au contraire des perles ampoules, celles qui ne sont pas rattachées à la coquille. Dans les deux cas cependant, la perle est créée à partir des cellules bâtisseuses. Rappelons par ailleurs que le coquillage de l’huître est composé de couches superposées.
Le fait est que c’est à l’intérieur de ces couches que la perle dite libre va être créée, sans pour autant qu’aucun événement « visible » (tel que l’action d’un prédateur) ne puisse en expliquer la raison. Comment et pourquoi une perle se serait-elle créée ici précisément, dans cet endroit où ne réside aucun élément utile à sa création ?
La seule explication réside dans le fait qu’au moins l’une des cellules épithéliales (celles qui fabriquent la coquille) a migré dans cette cavité intérieure, pour ensuite se multiplier, puisque tel est son rôle, par division cellulaire : dès lors, et très lentement, va se former la perle libre !
Mais comment expliquer cette migration ? On pourra ici parler d’un accident, et en l’absence d’intrus ou d’élément déclencheur visible et identifiable, il conviendra d’établir, sur le plan théorique, ce qui sera le plus probable. On distingue trois grandes théories pouvant expliquer la création d’une perle libre.
Ce peut être, par exemple une blessure causée par un mouvement soudain de rétractation des plis du manteau de l’huître, lesquels se déploient, lorsque le mollusque ne se sent pas en danger, jusqu’aux bords de la coquille. Il conviendra par ailleurs de ne pas exclure la possibilité de la présence d’un intrus, qui aurait provoqué la réaction des cellules, mais qui aurait eu le temps de s’enfuir avant d’être englobé. Dans ce cas bien sûr, la perle demeure libre, et vide.
Et, enfin, la dernière explication possible pour expliquer le processus de création de la perle libre serait celle d’un mécanisme de type cancéreux. Selon celle-ci, il serait possible que les cellules épithéliales embryonnaires puissent pu exister par accident au milieu des organes du mollusque, et s’y développer.
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